Quand François Hollande est venu visiter le 16 février dernier l'imprimerie de Dammartin-en-Goële
où avait pris fin la cavale des frères Kouachi après les attentats, il a
été «choqué, surpris par l'ampleur des dégâts», raconte Michel
Catalano, le patron de la société. À cette époque, le chef d'entreprise
espérait encore pouvoir faire repartir son affaire rapidement. Mais,
aujourd'hui, cinq mois après les attentats, il estime que l'attente a trop duré et que «les promesses n'ont pas été tenues».
«Rien
n'est réglé. On attend toujours l'argent des assurances. On a tout fait
pour que l'activité reparte mais les semaines passent et rien n'avance
vraiment», regrette Michel Catalano qui, le 9 janvier, face aux frères
Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo deux jours auparavant,
avait eu la présence d'esprit de dire à son employé, Lilian, de se
cacher. L'homme n'est ni vindicatif, ni aigri, juste las d'avoir
mobilisé ses forces sans obtenir de résultats.
«Ça ressemble à AZF»
«Très
vite, ma femme et moi, aidés par des amis, avons travaillé pour vider
les lieux qui avaient été ravagés par l'assaut et les dizaines de tirs
échangés entre les terroristes et les forces de l'ordre. Le bâtiment est
éventré, les cloisons par terre, les machines endommagées. Le massicot,
qui pèse 600 kg, a bougé de deux mètres sous l'effet de souffle! On
marche sur les gravats et tout est à mettre à la poubelle. Un expert m'a
dit: «Ça ressemble à AZF!» On a dû mettre des bâches car il pleuvait à
l'intérieur», raconte-t-il.
Jusqu'à présent, l'imprimeur a touché
150.000 euros des assurances au titre de provisions mais n'a pas trouvé
de terrain d'entente pour l'indemnisation finale.
Selon lui, le coût de réfection du bâtiment, dont seule la structure
peut être préservée, se situe entre 600 et 800.000 euros. L'assurance
lui en propose 390.000…
Subsides d'urgence
Afin de
pouvoir «honorer quelques commandes», Michel Catalano s'est
provisoirement installé dans un autre local au Mesnil-Amelot. Hormis
Lilian, ses quatre employés, en arrêt de travail dans le mois qui a
suivi les attentats, ont repris leur emploi. «Les clients nous
appellent. Ils nous demandent quand nous serons vraiment opérationnels.
J'aimerais pouvoir leur donner une date précise. Là, c'est impossible.
Nous sommes toujours dans le flou complet», regrette le chef
d'entreprise qui, depuis cinq mois, dort peu. «Deux heures par nuit… Il
boit beaucoup de café», dit sa femme, Véronique, qui travaille avec lui
depuis que le couple a monté l'imprimerie il y a quinze ans. «C'est un
peu notre troisième bébé après notre fils et notre fille qui ont 21 et
18 ans», soupire Véronique Catalano.
Dans les premières semaines, la solidarité a joué: une subvention de 50.000 euros du Conseil général (pas encore perçue), une collecte à Dammartin-en-Goële
(100.000 euros). Mais, outre ces subsides d'urgence, le patron de
l'imprimerie voudrait savoir sur quelles sommes compter. «Mon objectif,
c'est de redémarrer avec de nouvelles machines, voire d'embaucher du
personnel», lance celui qui, le 9 janvier, a
passé une heure et demi avec les frères Kouachi en gardant son calme et
en s'employant à tout faire pour qu'ils ne découvrent pas son employé, qui avait réussi à se cacher.
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