vendredi 4 janvier 2013

Jacques Pote ou Jeu de l'oie



Un avocat familier des dossiers visant l'Elysée lance le "Jacques pote", jeu de l'oie mettant en scène les démêlés judiciaires du chef de l'Etat.
A l'occasion des fêtes de fin d'année, vous partez trois jours chez la grand-mère où vous allez retrouver la famille réunie au grand complet. Vous êtes ravi mais vous appréhendez un peu la sempiternelle discussion politique avec votre tonton Jean, un réactionnaire de première. Et puis il y a aussi cette traditionnelle partie de Monopoly avec les petits cousins... Les deux vous barbent mais, trêve des confiseurs oblige, vous allez vous y plier de bonne grâce. Voici peut être la solution pour faire de ces deux corvées annuelles d'une pierre deux coups.
Ce miracle prend la forme d'un jeu de l'oie mettant en scène les démêlés judiciaires du président Jacques Chirac. Baptisé le "Jacques pote" (1), il a été inventé par Me Pierre-François Divier, un avocat familier des dossiers visant l'Elysée : plaignant dans le dossier des emplois fictifs du RPR, qui a valu un an d'inéligibilité à l'ex-Premier ministre Alain Juppé, il est aussi à l'origine du procès de la fraude électorale présumée aux municipales de 1989, visant 15 proches de Jacques Chirac, où le jugement doit être rendu le 20 décembre.
"Vous avez un appui en justice, sautez une case"
Le propos du jeu n'est pas de plumer votre grand frère qui -Ô miracle- s'arrêterait sur votre avenue où vous avez construit une myriade d'hôtels, ni même de deviner ce que représente le gribouillage de votre petit neveu de quatre ans. Non, le but de la compétition vise à faire réélire Chirac. Me Divier précise qu'il se place délibérément sur le terrain "de la satire, de l'humour et de la caricature." Une fois les joueurs volontaires trouvés, le plateau de papier installé, les pions à l'effigie du président découpés, les dés dénichés, on peut se lancer dans un parcours semé d'embûches illustré par le dessinateur humoristique de presse Pinter.
La case 12 par exemple, "un ami de trente ans vous veut du bien, passez deux tours", dit la légende sur une caricature d'Edouard Balladur. La case 23 représente un magistrat avec une coquille d'escargot et dit : "vous laissez traîner les dossiers sensibles... vous êtes pris la main dans le sac... allez à la case 0 !". A la case 27 "vous avez un appui en justice, sautez une case", celle où l'avocat des plaignants dans le dossier de la fraude électorale rend son tablier permet de progresser de quatre cases. Une garde à vue d'un proche amène un retour à la case départ, un placement en détention oblige le joueur à obtenir un "six" pour repartir. La case finale représente un garde républicain devant l'Elysée, et dit triomphalement : "vous êtes réélu !!!".
Petits et grands événements, vrais ou faux, -politiques, internationaux et judiciaires- ayant marqué le septennat et le quinquennat de Jacques Chirac, tout y passe en une quarantaine de bulles. Une case manque pourtant à l'appel, celle où le président annoncerait qu'il ne se représente pas à l'élection présidentielle de 2007. "C'est simple, connaissant le personnage, je ne le vois pas rester les bras croisés", explique Me Divier. Tonton Jean comprendra ce qu'il veut.

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