vendredi 18 avril 2014

Nous n'en sommes qu'au début de l'histoire.


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50 milliards : Hollande envoie Valls au frontPartager

Manuel Valls accélère les annonces : François Hollande le laisse monter seul en première ligne sur le plan d'économies.

50 milliards : Hollande envoie Valls au front © FranceInfo
Il y a d'abord la mise en scène, qui a surpris tout le monde. Manuel Valls s'est mué hier en porte-parole du gouvernement, faisant le job lui-même à l'Elysée, après le Conseil, entouré des ministres concernés, une semaine avant la date prévue. Une communication au millimètre : le Premier ministre, dans le  20h de France 2, n'a pas réitéré sa précédente expérience sur TF1, quand il avait commenté durant une demi-heure chacun des reportages du journal. Manuel Valls, cette fois, a donné une interview concentrée afin d'asséner son langage qui se voulait "de vérité". Utilisant à plusieurs reprises le mode "je", avant de rappeler qu'il s'agissait tout de même des choix du président de la République.
François Hollande, lors de son discours prononcé en fin de journée à l'Hôtel de Ville de Paris, a parlé à propos du plan d'économies, d'une feuille de route "difficile, âpre mais indispensable", qui ne diffère pas "les décisions douloureuses". Le chef de l'Etat, dans un premier temps, avait semblé vouloir se réserver l'exclusivité de ces annonces très impopulaires. Il a finalement refilé la patate chaude à son Premier ministre.
C'est lui qui va prendre tous les coups ?
Sans doute. Mais Manuel Valls, visiblement, assume en s'adressant directement, d'une voix ferme, aux classes moyennes, aux fonctionnaires, aux retraités, pour leur annoncer la douloureuse, le gel des prestations sociales, et du point d'indice, jusqu'en octobre 2015. Nous y sommes donc : le dur du sujet, le sang et les larmes, comme le dit le cliché. L'aile gauche du PS n'a pas aimé la forme. Les députés frondeurs, qui  pensaient être désormais consultés avant chaque grande décision, ont appris les mesures à la télé. Ils ont également détesté le fond, les annonces seraient illisibles, incompréhensibles, surtout après la sanction des municipales. La colère s'installe dans les rangs du PS. Quant à Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de Gauche n'a pas manqué l'occasion de traiter le Premier ministre de "petit huissier de syndic de faillite", lui qui avait pourtant laissé entendre qu'il demanderait un délai à Bruxelles. Il faut oublier : le plan d'économies va s'appliquer avec fermeté, voire brutalité aux yeux de ses détracteurs, de façon à atteindre les 50 milliards de la discorde.
Manuel Valls a cherché à déminer.
En affirmant qu'il ne s'agit pas de contenter Bruxelles mais d'alléger la dette pour favoriser de la croissance. Mieux vaut faire mine de s'affranchir de la Commission par les temps qui courent, à l'approche des élections européennes. Mais Paris doit faire preuve de bonne volonté avec les 3%, sans le dire ouvertement pour ménager l'opinion. Le jeu d'équilibriste devient dangereux.
Manuel Valls a déballé son rabot, la première étape d'un long chemin de croix, celui d'une rigueur non assumée. Il lui reste moins de deux semaines avant le vote du plan d'économies, le 30 avril, pour détailler à coup de milliards les réformes de structures, et retourner sa majorité.
François Hollande, comme l'ont fait ses prédécesseurs, confie à son Premier ministre le sale boulot. Le pari de Manuel Valls, s'il ne veut pas finir comme Raymond Barre, est que son langage vérité, les yeux dans les yeux avec les Français, finira bien par payer.

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