vendredi 17 avril 2015

je ne suis pas soulagée du tout

La Métairie-Neuve de Sivens,  (en arrière-plan) en novembre avant l'évacuation./Photo DDM
Un arrêté du Département interdit jusqu'au 22 avril, la circulation sur tout le périmètre de la forêt de Sivens. En particulier l'accès à la Métairie-Neuve dont les jours sont comptés.
Lundi, 17 heures, à l'entrée du site de Sivens, côté Barat, deux gendarmes en faction interdisent l'approche de la Métairie -Neuve et l'accès au site de Sivens. Ils ont en poche un arrêté départemental signé de Thierry Carcenac, président du conseil général, interdisant jusqu'au 22 avril la circulation sur tout le périmètre de la forêt de Sivens, pour «garantir la sécurité du public et la conservation du site». Deux autres gendarmes sont en faction à l'entrée nord du site, même arrêté en poche, «vu l'occupation constatée de la forêt départementale par les opposants à l'opération d'aménagement de la retenue de Sivens et les risques encourus par les usagers de l'espace forestier».
Seuls au milieu des bois, au nord comme au sud, les binômes de gendarmes semblent trouver le temps bien long et le silence épais. Depuis le 6 mars et l'évacuation totale des occupants de la Zad et de la Métairie-Neuve, le site est placé sous la surveillance permanente des gendarmes mobiles qui se relaient jour et nuit. «On en est au 39e escadron» soupirait lundi soir un officier de la gendarmerie voisine de Gaillac.

«Le printemps 2 de Sivens»

Fin mars, Thierry Gentilhomme, préfet du Tarn, a demandé à Thierry Carcenac, président réélu du département et propriétaire du site et de la Métairie, de faire modifier le plan d'occupation des sols de Lisle-sur-Tarn. Motif ? Contactée hier, la préfecture a fait savoir que c'est au propriétaire de communiquer. Pour Thierry Carcenac, il s'agit simplement du «processus de démolition d'un bâtiment dont les dégradations subies ne justifient plus une quelconque protection ou classement». Marilyne Lherm (lire ci-dessous), maire et conseillère départementale de Lisle et pro-barrage, a pris acte du souhait du président Carcenac «de réaliser cette destruction dès que le plan local d'urbanisme de la ville le lui permettrait». Réponse de son conseil municipal le 21 avril prochain.
En attendant, les opposants au barrage ne baissent pas les bras. Les 25 et 26 avril, ils organisent «Le printemps 2 de Sivens»*. Pour cause d'interdiction du site, ça se passera à Vaour.
* https ://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com

18 mois d'occupations successives

Octobre 2013. Début de l'occupation par le collectif anti-barrage «Tant qu'il y aura des Bouilles». 26 février 2014 première expulsion et nouvelle ocupation. Avril 2014 Marches du Printemps de Sivens. Du 1er au 20 septembre travaux de déboisement. Le 9 septembre, occupation du conseil général du Tarn. 25-26 octobre Grand rassemblement pacifique, violent affrontements dans la nuit, mort de Rémi Fraisse. 6 mars 2015, expulsion totale des occupants.

Marilyne Lherm, maire de Lisle-sur-Tarn : «Je ne suis pas soulagée du tout»

Pourquoi avoir repoussé le conseil municipal prévu hier soir à Lisle-sur-Tarn pour ajouter une modification du PLU.
C'était prévu mais une employée a fait une faute et le document (ndlr, la délibération) n'a pas été remis à temps aux élus. Il s'agit d'une modification simplifiée du PLU pour avoir l'autorisation de démolir. Le conseil est repoussé au 21 avril.
Y avait-il une urgence ?
C'est une demande, le 13 mars, de Thierry Carcenac (ndlr, président PS du département), lui-même sollicité par le préfet, à la suite d'une visite sur le site des Bâtiments de France. La Métairie neuve avait été classée il y a deux ou trois ans, sous le mandat municipal précédant. Cette expertise n'arrive pas par hasard, c'est vrai, mais ce bâtiment dans son état très dégradé, pourrait poser des problèmes de sécurité sur le site. Il n'a plus de raison d'être classé.
La destruction de la métairie pourrait se faire rapidement ?
Non, la procédure devrait durer deux mois. En cas de modification de PLU, il faut consulter les partenaires associés : Chambre d'agriculture, CCI, Chambre de métiers, la direction du territoire… Il faut aussi une consultation publique… Ce sont des avis. Le département, propriétaire, avisera.
Après avoir voté pour T. Carcenac, PS, à la présidence du conseil départemental , vous l'aidez pour Sivens. Est-ce qu'il y a des contreparties ?
Absolument pas. Depuis le premier jour, sur le dossier de Sivens, conseil général, état et ville travaillent dans une étroite collaboration. Quelle que soit la personne à la tête du département, ça doit se passer comme ça jusqu'à la fin. Jusqu'à la réalisation de la retenue d'eau.
Le site est interdit jusqu'au 22 avril. C'est trop tôt pour la démolition.
Toutes les dates se prorogent.
Vous êtes soulagée ?
Tant que les choses ne seront pas réglées, je ne suis pas soulagée du tout.
M.L

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