Dans
la famille Alet, Michel, neuvième enfant d'une fratrie de quatorze,
devenu agrégé d'université, avait dépeint en deux volumes la vie de sa
famille au début du XXème siècle dans le Rouergue, sans savoir que sa
sœur Marie, l'aînée de la tribu et fine lettrée, avait secrètement
confié à un «cahier vert» les tribulations et les tourments hors du
commun de sa vie de religieuse, trop intimes et tragiquement douloureux
pour être partagés. Au décès de sa sœur, Michel Alet découvre le
contenu du cahier en ouvrant la pauvre mallette qu'elle lui a laissée en
héritage.
Il décide aussitôt de faire partager ses émotions ressenties à la
lecture des «Nocturnes» comme les a intitulées Marie Alet, parce
qu'écrites en grande partie la nuit, «cette poésie de braise aux
multiples facettes, reflétant une personnalité ardente», que n'auraient
pas désavouée Vigny, Verlaine ou Baudelaire. «Publier ces pages de ma
sœur était pour moi un devoir personnel. Je me sens en quelque sorte
dépositaire de ses œuvres littéraires», confie l'auteur. Le recueil de
poésies de cent vingt deux pages décrit le parcours d'une religieuse
«malgré elle», envoyée au couvent à l'âge de dix ans, ses doutes, sa
foi, ses dilemmes, ses frustrations de femme «Femme parmi les femmes /
Avec mon cœur / Mon corps, et mes tourments de femme / Et ma faiblesse»,
et qui se fit relever de ses vœux par Rome avant de se marier plus
tard. Un témoignage bouleversant et tout en délicatesse écrit à quatre
mains sur un temps où la condition des filles, bouches inutiles à
nourrir et qu'il fallait «caser», se résumait à l'aide aux tâches
domestiques et aux soins des plus petits. Comme toujours, le livre est
illustré de nombreuses photos de famille en noir et blanc et d'une
sélection des peintures de l'auteur qui illustrent le propos. L'ouvrage
est vendu dans les librairies Guillot et Transparence à Albi ou auprès
de l'auteur (michel.alet@yahoo.fr ou site : michel-alet.com).
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